Madagascar 2025 : Quand l’espoir prend des vacances et laisse place à la routine des échecs

Alors que 2024 s’achève, Madagascar entre dans l’année 2025 avec des perspectives teintées de scepticisme et de pessimisme. L’année écoulée a laissé derrière elle un sentiment d’immobilisme et de désillusion face à des problèmes structurels qui semblent s’enraciner davantage. Les défis économiques, sociaux et politiques, aggravés par une gouvernance défaillante, n’offrent guère de raisons d’espérer un changement significatif dans les mois à venir.

Cette incertitude est alimentée par l’incapacité des dirigeants à résoudre les crises récurrentes qui minent le pays. À titre d’exemple, l'inflation persistante continue de réduire le pouvoir d'achat des ménages, tandis que les infrastructures essentielles, comme les routes et les hôpitaux, demeurent largement inaccessibles pour une grande partie de la population. La corruption, endémique et impunie, empêche toute véritable réforme, tandis que les promesses répétées de relance économique restent des slogans sans substance.

L’absence de diversifications économiques ajoute à ce pessimisme. Le pays reste dépendant de quelques produits d’exportation, dont la vanille et le litchi, soumis aux aléas du marché international. Pendant ce temps, les secteurs potentiellement porteurs, comme le tourisme ou l'industrie minière, sont paralysés par une gestion inefficace et des scandales récurrents. En 2024, plusieurs incidents ont encore montré l’impossibilité d’instaurer un environnement propice aux investissements.

Avec une année électorale en perspective, la scène politique ne laisse entrevoir aucune amélioration notable. Les débats semblent davantage axés sur des rivalités personnelles que sur des solutions concrètes aux problèmes du pays. Les citoyens, désabusés par des années de promesses non tenues, expriment leur lassitude face à une classe dirigeante perçue comme déconnectée des réalités.

C'est donc dans ce climat morose que Madagascar s'engage en 2025. Les attentes sont faibles, car les obstacles à surmonter sont immenses, et les solutions proposées jusqu'à présent restent largement insuffisantes. À moins d’un sursaut collectif pour briser ce cercle vicieux, l'année à venir risque de n’être qu’un prolongement des échecs accumulés, éloignant encore davantage le pays de son véritable potentiel.

Régime Andry Rajoelina : un échec politique criant maintenant l’extrême pauvreté de 80 % de la population

Avec près de 80 % de sa population vivant sous le seuil de pauvreté avec un accès limité aux services de base comme l’eau potable et la santé, Madagascar se classe parmi les pays les plus démunis au monde. Cette situation alarmante, déjà préoccupante depuis des décennies, s'est aggravée sous le régime actuel, qui n'a pas seulement échoué à apporter des solutions concrètes, mais a souvent empiré la situation par une gestion inefficace et des priorités mal orientées.

Depuis son arrivée au pouvoir, le régime Rajoelina a multiplié les annonces tapageuses, promettant des projets ambitieux et des réformes économiques structurelles. Pourtant, sur le terrain, rien n’a changé pour les millions de Malgaches qui luttent chaque jour pour se nourrir, se soigner et envoyer leurs enfants à l’école. 

Les promesses de "velirano" (engagements solennels) se sont révélées être des slogans vides. Par exemple, l’objectif de transformer Madagascar en pays émergent reste une chimère, alors que les indicateurs sociaux et économiques continuent de se dégrader. Un autre exemple, les promesses répétitives d’éradiquer les coupures d’électricité et fournir de l’eau potable sont largement restées dans l’utopie, et en 2024, près de 80 % des ménages n’ont toujours pas accès à l’électricité, les délestages sont les quotidiens des ménages et des entreprises en souffrance, et les zones rurales demeurent largement exclues de tout développement énergétique.


Depuis son retour au pouvoir en 2019, Andry Rajoelina a orienté son programme autour de l'Initiative pour l'Émergence de Madagascar (IEM). Ce plan ambitieux promettait de transformer le pays en axant ses priorités sur des projets phares, tels que le développement des infrastructures, la lutte contre la pauvreté, l'industrialisation, et une gouvernance transparente. En cette fin d'année 2024, le bilan de ces promesses est mitigé, voire préoccupant, au regard de la réalité socio-économique actuelle.

Par rapport aux infrastructures routières, la réhabilitation de la RN2 est restée au stade de promesses et se trouve être dans un état délabré totalement ou on met plusieurs heures pour faire Tana Tamatave. Au lieu d'améliorer l'existant, il fait une autoroute dont le financement de l'intégralité du projet n'est même pas sécurisé et le tracé fait jaser les gens expropriés. Les efforts restent largement concentrés sur des zones stratégiques, négligeant les régions enclavées où vivent les populations les plus pauvres. De plus, ces chantiers ont souvent été financés par des emprunts extérieurs, alourdissant considérablement la dette publique, qui atteint désormais plus de 50 % du PIB. Ces projets, bien que nécessaires, semblent répondre davantage à une logique de visibilité politique qu’à une stratégie cohérente de réduction des inégalités régionales.

Le projet Tanamasoandro, visant à construire une "ville satellite" près d’Antananarivo pour désengorger la capitale, est resté à l’état embryonnaire. Les expropriations de terres pour ce projet ont suscité une vive controverse, et peu d’avancées concrètes ont été observées malgré les annonces récurrentes.

L’IEM ambitionnait de faire de Madagascar une plateforme industrielle compétitive. Les zones franches censées attirer des investisseurs n’ont pas généré les retombées escomptées. En 2024, le taux de chômage reste élevé, particulièrement chez les jeunes, et les emplois créés sont souvent précaires et concentrés dans des secteurs à faible valeur ajoutée, comme l’assemblage textile. Par ailleurs, l’absence de politiques pour renforcer les petites et moyennes entreprises (PME), pourtant cruciales pour l’économie locale, limite les opportunités pour les populations les plus vulnérables.

La promesse d’une gouvernance transparente a été éclipsée par des scandales récurrents, notamment liés au trafic d’or et à la gestion des ressources naturelles. Les infrastructures clinquantes, comme le Colisée à Antananarivo, les téléphériques qui ne sont même pas opérationnels, les stades qui ne sont même plus exploitables, … ont souvent été perçues comme des priorités mal placées dans un pays où l’accès à l’éducation et à la santé demeure dramatique. La politique de prestige semble l’avoir emporté sur les réformes structurelles nécessaires pour améliorer le quotidien des Malgaches. 

La pauvreté dans les zones rurales, où se concentre la majorité de la population, a atteint des niveaux critiques. L’agriculture, qui emploie près de 80 % des Malgaches, est laissée à l’abandon. Les promesses de modernisation et d’irrigation n’ont pas été tenues. Pire encore, la flambée des prix des produits de première nécessité, combinée à l’absence de politiques de soutien aux petits producteurs, a aggravé l’insécurité alimentaire. Dans le Sud, le kéré (famine) continue de faire des ravages, mettant en lumière l'incapacité du régime à anticiper et à gérer les crises.

Dans les villes, la situation n’est guère meilleure. Le chômage et la précarité explosent, tandis que les infrastructures de base, comme l’accès à l’eau potable, à l’électricité et à un logement décent, restent hors de portée pour la majorité. Au lieu d’investir dans des programmes sociaux durables, le gouvernement préfère des initiatives ponctuelles et inefficaces, comme les Vary Tsinjo ou les distributions de "kits scolaires", qui n’apportent aucune solution à long terme. 

"Panem et Circenses" : La stratégie du pain et des jeux à Madagascar

L’expression latine Panem et circenses, « du pain et des jeux », illustre parfaitement la situation actuelle à Madagascar. Sous le régime Rajoelina, cette stratégie se manifeste de manière flagrante : un pouvoir qui détourne l’attention des enjeux cruciaux en distribuant de l’aide alimentaire ponctuelle et en organisant des événements grandioses, tandis qu’une population fatiguée, préoccupée par sa survie quotidienne, se contente de ces mesures superficielles. Cette dynamique maintient un statu quo dangereux, où les véritables défis économiques, sociaux et politiques sont éclipsés par des distractions orchestrées.

Prenons l’exemple des Vary Tsinjo, ces ventes de riz subventionné lancées depuis 2021. Présentées comme une initiative de soutien face à la hausse vertigineuse des prix et aux difficultés économiques, ces distributions sporadiques ne sont qu’un pansement sur une plaie profonde. Elles n’apportent aucune solution structurelle aux problèmes d’insécurité alimentaire, mais elles offrent une illusion de bienveillance gouvernementale. En parallèle, l’absence de réformes pour soutenir durablement l’agriculture ou pour améliorer l’accès des ménages aux produits de première nécessité est ignorée. 

Une autre stratégie de distraction adoptée par le régime est l’organisation de concerts évangéliques financés par l’État. Ces événements, attirant des foules immenses, ont été mis en avant comme des célébrations religieuses destinées à unir la nation. Pourtant, ces manifestations n’étaient qu’un écran de fumée. Pendant que la population chantait et priait, les écoles manquaient de fournitures, les hôpitaux étaient sous-équipés et les routes restaient impraticables. De telles dépenses, allouées à des distractions, masquent la réalité d’un système incapable de répondre aux besoins essentiels des citoyens.

Encore plus marquant dans cette voie sont les célébrations des fêtes de l’indépendance, de noël et de fin d’année : des milliards sont déboursés pour jeux de lumière, feux d’artifice et des spectacles grandioses, tandis que dans le Sud, des familles continuaient de souffrir du « kere », cette famine chronique qui décime des vies chaque année. Ce contraste saisissant entre le faste des festivités et la misère des citoyens met en lumière les priorités décalées du régime : maintenir une image de prospérité au lieu de répondre aux urgences sociales et humanitaires.

Cette stratégie de "pain et jeux" n’est pas anodine. Elle vise à maintenir une population dans un état de dépendance et de distraction, incapable de se mobiliser pour demander des comptes ou exiger des changements réels. Les questions cruciales – corruption, mauvaise gestion des ressources, effondrement du système éducatif et sanitaire – sont ainsi éclipsées. Le pouvoir exploite la résilience légendaire des Malgaches pour éviter toute remise en question.

Avec « Predator » et violation des droits fondamentaux des citoyens en sus …

Le logiciel espion « Predator » a été au cœur d'une controverse internationale, notamment en raison de son utilisation par le gouvernement malgache. Lors d'une interview diffusée le 20 octobre 2023 sur RFI, Andry Rajoelina a confirmé l'acquisition de ce logiciel, affirmant qu'il avait été acheté pour des raisons de sécurité nationale. Il a également précisé que l'opposition tentait de manipuler l'opinion publique en exagérant l'ampleur de son utilisation. 

Logiciel de surveillance capable d'infiltrer des appareils mobiles pour collecter des données sensibles, son utilisation par des gouvernements a soulevé des préoccupations majeures en matière de droits humains et de légalité. L'acquisition par le gouvernement malgache a été réalisée en dehors de tout cadre légal, sans les licences d'exportation nécessaires. Des documents révélés par Mediapart et le consortium European Investigative Collaborations (EIC) ont montré que du matériel de surveillance avait été expédié par valises diplomatiques depuis l'ambassade de France, malgré l'absence de licences officielles. L'utilisation de Predator à Madagascar a ciblé des opposants politiques, des journalistes et des militants, violant ainsi le droit à la vie privée et la liberté d'expression. Des plaintes ont été déposées en France concernant cette utilisation illégale du logiciel espion. 

En somme, le régime actuel porte une lourde responsabilité dans l’aggravation de l’extrême pauvreté à Madagascar. Non seulement il n’a pas su mettre en place des politiques économiques et sociales efficaces, mais il a aussi accentué le sentiment d’abandon ressenti par une grande partie de la population. L’avenir du pays dépend désormais de la capacité des Malgaches à exiger des comptes et à s’engager pour des changements réels. Car sans une prise de conscience collective et une rupture avec les pratiques actuelles, Madagascar risque de s’enfoncer encore davantage dans la misère et la dépendance.

Madagascar : bilan économique médiocre …

En 2024, Madagascar affiche une croissance économique estimée entre 4,2 % et 4,6 %. Ces chiffres masquent une réalité beaucoup moins flatteuse, marquée par une mauvaise gouvernance, des promesses électorales non tenues, et une gestion opaque des ressources naturelles. Prenons, par exemple, le projet phare de construction de nouvelles routes annoncé en 2019, qui devait relier les principales régions du pays. À ce jour, de nombreux tronçons restent inachevés ou impraticables, et les habitants continuent de subir un enclavement économique paralysant.

La corruption, véritable cancer du système, continue de plomber le développement. En avril 2024, un scandale a éclaté concernant l’exportation illégale de 36 kilos d’or interceptés à l’aéroport d'Ivato, impliquant des fonctionnaires haut placés. Ce n'est qu'un exemple parmi d'autres de l’exploitation illicite des richesses nationales, un phénomène qui a privé l'État de plusieurs millions de dollars de recettes fiscales cette année. Le trafic de bois précieux, comme celui des palissandres, n'est pas en reste : malgré les interdictions depuis 2010, ces pratiques perdurent, alimentées par des réseaux bien établis et souvent protégés.



Les promesses électorales de développement, formulées à grand renfort de discours en 2018 et 2023, peinent à se concrétiser. Les écoles et les hôpitaux promis pour moderniser le secteur social sont toujours absents dans de nombreuses régions. En 2022, le budget alloué à l’éducation nationale avait déjà été réduit de manière significative, une tendance qui s'est poursuivie en 2024, aggravant les conditions d'apprentissage pour des milliers d'enfants.

Les indicateurs économiques, bien que stabilisés en apparence, sont en réalité préoccupants. L’inflation, maintenue entre 7,6 % et 7,9 %, reste insupportable pour une majorité de Malgaches dont le revenu quotidien oscille encore autour de 2 dollars. Le déficit budgétaire, estimé à 3,9 % du PIB, révèle des faiblesses structurelles accentuées par une gestion inefficiente des fonds publics. En mars 2024, par exemple, une enquête a révélé que plus de 40 % des financements destinés aux infrastructures avaient été mal utilisés ou détournés.

Sur le plan international, le secteur minier, pourtant l’un des principaux atouts économiques du pays, est gangrené par une gestion chaotique. En juin 2024, une suspension des activités d’une grande entreprise étrangère dans le Sud, accusée de ne pas respecter les normes environnementales, a révélé l'absence de supervision efficace. Pendant ce temps, des exploitations illégales continuent d’appauvrir les réserves nationales sans générer de retombées pour la population.

Malgré des prévisions de croissance optimistes pour 2025, fixées à 5,3 %, l’absence de réformes structurelles compromet sérieusement cette ambition. La lutte contre la corruption, essentielle pour restaurer la confiance des investisseurs, reste lettre morte. En juillet 2024, la publication du classement annuel de Transparency International a positionné Madagascar à la 143e place sur 180 pays, confirmant une dégradation constante de l’intégrité institutionnelle.

L’année 2024 illustre une fois de plus que Madagascar dispose d’un potentiel considérable, mais qu’il est largement entravé par une gouvernance inefficace. Les problèmes de corruption, comme ceux révélés par les scandales d'exportation d'or ou de bois précieux, les promesses non tenues, et la mauvaise gestion des ressources naturelles ne sont pas de simples accidents, mais les symptômes d’un système profondément défaillant. Sans des réformes ambitieuses et une réelle volonté politique, le pays risque de demeurer un exemple frustrant de potentiel gâché, incapable de traduire ses richesses naturelles en progrès pour sa population.

Et les bailleurs de fonds dans tout cela …

Des failles structurelles majeures ont toujours été observées dans la gouvernance et les relations avec les bailleurs de fonds internationaux. Depuis plusieurs décennies, les relations de Madagascar avec les institutions financières internationales, notamment le FMI et la Banque mondiale, ont été marquées par des suspensions régulières d'aides. Ces suspensions ont été liées à des périodes de crises politiques, des scandales économiques, ou des décisions prises par les autorités malgaches qui ont conduit à une perte de confiance. Depuis les années 1990, ces décisions ont eu des conséquences majeures sur l'économie du pays, freinant la mise en place de programmes essentiels pour le développement.

En 1996, sous le régime d'Albert Zafy, la Banque mondiale et le FMI avaient suspendu leurs aides en raison de pratiques de mauvaise gestion et de financements parallèles. Ces pratiques, notamment le détournement de fonds publics en dehors des circuits officiels, ont entraîné une perte de confiance des bailleurs de fonds. De même, la crise de 2002, marquée par des tensions politiques entre Marc Ravalomanana et Didier Ratsiraka, avait paralysé l'économie et conduit les institutions financières internationales à suspendre leurs financements. Les événements de 2008, avec les accusations de mauvaise gouvernance envers Marc Ravalomanana, avaient également entraîné des restrictions de financements.

La situation a empiré avec le coup d'État de 2009, lorsqu’Andry Rajoelina avait renversé Ravalomanana. Les institutions internationales avaient alors décidé de suspendre leurs aides en raison de l'instabilité politique, une suspension qui n'a pris fin qu'avec l'élection démocratique d'Hery Rajaonarimampianina en 2014. Cette instabilité politique souligne l'importance d'instaurer un environnement stable pour renforcer la confiance des bailleurs internationaux et initier des projets de développement sur le long terme.

À l’aube de 2025, Madagascar se retrouve à la croisée des chemins, en particulier dans ses relations avec les bailleurs de fonds internationaux et le Fonds Monétaire International (FMI). Le gouvernement d’Andry Rajoelina, après avoir revendiqué une série de réformes ambitieuses et des projets de grande envergure, fait face à une situation de plus en plus tendue avec les institutions financières internationales qui ont longtemps soutenu le pays, mais dont la patience est désormais mise à l’épreuve.

Les relations entre Madagascar et les bailleurs de fonds se sont caractérisées par une certaine forme de soutien pendant les premières années du régime, avec des promesses de financement pour des projets d’infrastructures, d’agriculture, et d’énergie. Cependant, au fur et à mesure des années, ces promesses se sont heurtées à une réalité décevante : des projets non terminés, des financements mal utilisés, et une gouvernance marquée par la corruption et le manque de transparence. Les bailleurs de fonds, qui ont financé certains programmes dans l’espoir de soutenir un développement durable et inclusif, commencent à se demander si leurs investissements sont bien utilisés ou s’ils sont gaspillés dans un système où l’opacité est la norme.

La relation avec le FMI, institution clé dans le financement des réformes économiques, s’est elle aussi dégradée. Bien que le pays ait bénéficié de programmes de financement, le respect des engagements pris par le gouvernement en matière de réformes économiques, de lutte contre la corruption et de gestion des finances publiques n’a pas été au rendez-vous. Les réformes fiscales et la réduction du déficit budgétaire, demandées par le FMI pour soutenir un programme de financement en 2024, sont loin d’avoir été mises en œuvre de manière efficace. Les promesses de réduire la corruption, d'améliorer la transparence des finances publiques, et d’assainir le secteur public sont restées largement des vœux pieux, aggravant le scepticisme des bailleurs de fonds.

Au-delà de la corruption, un autre facteur clé qui alimente la tension est la mauvaise gestion des ressources naturelles et la non-prise en compte des engagements environnementaux pris dans le cadre des accords internationaux. Les bailleurs, qui ont toujours mis un accent particulier sur la durabilité et la gestion responsable des ressources naturelles, se retrouvent déçus par l'incapacité du gouvernement malgache à mettre en place des stratégies efficaces pour lutter contre la déforestation, l'exploitation illégale des minéraux et des ressources naturelles, et les impacts environnementaux dévastateurs de ces pratiques.

En 2024, la situation est donc extrêmement tendue : les bailleurs de fonds sont de plus en plus réticents à investir davantage sans des garanties claires de réformes profondes et durables. Le manque de résultats tangibles et la persistance de la mauvaise gouvernance ont engendré un sentiment de déception qui semble désormais partagé par les principales institutions financières internationales. Madagascar, qui comptait sur les financements extérieurs pour moderniser son économie et réduire sa pauvreté, se trouve face à un dilemme : continuer à séduire les bailleurs avec des promesses sans lendemain, ou amorcer une véritable transformation interne pour redorer son image et renouer des relations de confiance avec la communauté internationale.

À ce stade, l’issue semble incertaine. Alors que le pays dépend encore largement de l’aide extérieure pour financer ses projets et son développement, la situation actuelle est loin de rassurer les bailleurs. Si le gouvernement ne parvient pas à offrir des preuves tangibles de sa volonté de réformer, à redresser la barre sur les questions de gouvernance et à mettre en œuvre des projets de développement crédibles, Madagascar pourrait se retrouver de plus en plus isolé sur la scène internationale. Et, à défaut de confiance renouvelée, le pays risque de voir ses relations avec les bailleurs de fonds et le FMI se détériorer davantage, freinant ainsi ses perspectives de croissance à moyen et long terme. En somme, le régime actuel, malgré ses discours de développement et de transformation, n’a pas su répondre aux attentes des bailleurs, et la situation ne fait que se détériorer à mesure que l’année 2025 se profile.

À l'aube de 2025 …


À l'aube de 2025, Madagascar se trouve confrontée à des défis colossaux dans plusieurs secteurs cruciaux pour son développement, malgré des initiatives lancées durant les années précédentes. Les secteurs comme l’agriculture, l’énergie, l’accès à l’eau potable, la gestion des ressources naturelles et la gouvernance continuent de poser de graves problèmes, et les réformes nécessaires restent largement inachevées. Alors que la situation économique du pays reste fragile, le besoin urgent de transformation s'accentue. Cependant, les promesses faites par le gouvernement et les projets phares de ces dernières années ont largement échoué à répondre aux besoins réels de la population, en particulier des plus vulnérables.

Dans le domaine agricole, qui reste le principal moteur de l’économie malgache, la situation est loin d’être rassurante. Si l’agriculture emploie près de 70 % de la population, la productivité reste insuffisante, et la pauvreté touche durement les zones rurales. Bien que des efforts aient été faits pour moderniser certaines pratiques agricoles et introduire de nouvelles cultures, la majorité des agriculteurs continuent de travailler dans des conditions précaires, sans accès aux intrants modernes, à l’irrigation ou aux infrastructures nécessaires pour augmenter les rendements. L'insécurité alimentaire reste un problème majeur, avec environ 40 % des enfants malgaches souffrant de malnutrition chronique. Les politiques agricoles, pourtant annoncées comme des réformes structurantes, ont échoué à garantir une production suffisante et durable pour la population. À cela s’ajoute le changement climatique, qui rend les récoltes de plus en plus vulnérables aux sécheresses et aux cyclones.

L’énergie, un secteur vital pour la croissance économique et l’amélioration des conditions de vie, demeure un autre échec majeur. Bien que Madagascar dispose de nombreuses ressources naturelles, notamment l’hydroélectricité et le solaire, ces dernières ne sont pas exploitées de manière optimale. En 2024, seulement 20 % de la population a accès à l’électricité, et les coupures de courant restent fréquentes, même dans la capitale. Les projets énergétiques lancés sous l’ère de l’IEM n’ont pas suffi à résoudre ces problèmes d’accès à l’énergie, et les tarifs restent trop élevés pour les plus démunis. La gestion du secteur énergétique est marquée par une grande inefficacité, et l’énorme retard accumulé dans le développement des infrastructures indispensables, comme les réseaux de distribution, freine considérablement l’accès à l’électricité stable et abordable.

L’accès à l’eau potable, essentiel pour la santé et le bien-être des populations, reste également un défi de taille. En 2024, environ 50 % de la population malgache n'a toujours pas accès à l’eau potable. Le manque d’infrastructures adaptées, notamment dans les zones rurales, complique davantage la situation. De plus, la pollution des rivières et des nappes phréatiques, exacerbée par l’exploitation minière illégale et l’urbanisation incontrôlée, aggrave la qualité de l’eau disponible. Les promesses d'améliorer l'approvisionnement en eau potable ont été largement sous-évaluées, et le pays se trouve encore à des années-lumière de garantir un accès universel et sûr à l'eau pour tous ses citoyens.

La gestion des ressources naturelles constitue un autre secteur clé où la mauvaise gouvernance a largement contribué à l’exploitation non durable des richesses naturelles du pays. Madagascar, riche en minerais, bois précieux et biodiversité, voit ses ressources pillées en toute impunité. L’exploitation illégale de l’or, des pierres précieuses, et du bois de rose a prospéré sous la surveillance de réseaux corrompus, au détriment des populations locales et de l’environnement. La déforestation reste l'une des plus rapides au monde, exacerbée par une gestion incohérente et une absence de régulation effective. Les politiques de conservation sont quasi inexistantes, et les efforts pour contrôler l’exploitation des ressources naturelles sont minimes, ce qui met en péril les écosystèmes et les moyens de subsistance de millions de personnes.

Enfin, la gouvernance reste l’un des plus grands obstacles à un développement durable et inclusif. La corruption est omniprésente à tous les niveaux de l’administration, et la gestion des fonds publics est marquée par un manque de transparence. Si la lutte contre la corruption a été au cœur des discours politiques, les résultats concrets sont peu nombreux. Les institutions publiques sont largement inefficaces, et la centralisation excessive du pouvoir empêche toute véritable décentralisation, privant ainsi les autorités locales de moyens pour répondre aux besoins de leurs populations. Les réformes promises pour renforcer la démocratie et la transparence restent sans effet, et la gestion des ressources naturelles et publiques demeure opaque.

Valalabemandry, l'heure de l'éveil a sonné !

Madagascar, notre belle île, s'enlise dans un bilan catastrophique. Les promesses non tenues, la gestion approximative et les abus répétés nous mènent tout droit vers l'extrême pauvreté. Jusqu'à quand allons-nous accepter cette situation ? Jusqu'à quand allons-nous rester prisonniers de notre légendaire résilience, en espérant que tout s'améliore comme par magie ?

Il est temps de comprendre que notre silence et notre passivité renforcent les injustices. C'est notre devoir de nous lever, de faire entendre nos voix et de réclamer le respect de nos droits. Être résilient ne veut pas dire être soumis. Notre avenir, et celui de nos enfants, dépend de notre capacité à agir aujourd'hui.

À vous, membres de la grande muette, "Tandroka miaro ny vozona", dernier rempart de la nation : votre rôle est de protéger le peuple, non de l'opprimer. Vous avez prêté serment pour servir et défendre Madagascar, pas pour renforcer un système qui écrase les plus faibles. Vous portez une part de responsabilité dans ce qui se passe. L'histoire jugera vos choix, mais le peuple vous appellera toujours à l’aide, car vous êtes aussi ses protecteurs.



Il est temps pour chacun d'assumer son rôle. Ensemble, réveillons-nous, pour ne pas sombrer davantage. Tant qu’il y a de l’espoir, il y a un chemin. Mais ce chemin, il faut le tracer avec courage et détermination.

En ce début de 2025, Madagascar se trouve à un carrefour. Les défis sont immenses, et les progrès réalisés dans ces secteurs sont largement insuffisants au regard des attentes populaires. Si des efforts sont nécessaires pour moderniser l’agriculture, garantir un accès à l’énergie et à l’eau potable pour tous, et mettre en place une gestion durable des ressources naturelles, ces réformes ne pourront se réaliser que si un véritable changement de gouvernance et de priorité est mis en place. Les promesses de développement doivent enfin se traduire par des actions concrètes, et la lutte contre la corruption doit devenir une priorité nationale. Seul un engagement véritable et un gouvernement capable de réformer en profondeur pourra permettre à Madagascar de surmonter les défis actuels et offrir à ses citoyens un avenir plus prospère et équitable.

Par : RAMAHIRATRA


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