RAJOELINA AUX ABOIS !
RAJOELINA AUX ABOIS !
Le Mihava tour (A l’écoute de la population) du député Siteny commence à faire sérieusement de l’ombre à Rajoelina et sème la panique dans le camp de ce dernier. Ce qui s’est passé à Sambava la semaine dernière a été révélateur de la fébrilité des pro-Rajoelina.
Alors qu’en 2018, le kilo de vanille verte se vendait à 200 000 ariary, le candidat Rajoelina avait promis inconsidérément qu’il allait tripler ce prix s’il était élu. 5 ans plus tard, même à seulement 75 000 ariary le kilo, la vanille verte peine à trouver des acheteurs, privant les planteurs (notamment ceux qui se sont restreints à la monoculture de vanille) de ressources financières et les obligeant à brader leur récolte et même à faire du troc contre des produits vivriers. Rajoelina a mis du temps à prendre conscience de la détresse de la population de la région SAVA, qui avait voté à 86% pour lui en 2018.
Il y a quelques mois, il était venu à Andapa avec des exportateurs et avait proposé comme seule solution la distribution aux planteurs de cartes de planteurs avec QR code. Bien évidemment, cela n'a rien changé à la situation et la vanille continuait à se mévendre, amenant la population de toutes les régions productrices de vanille à manifester publiquement leur colère et désarroi.
Étant habitué à être obéi aveuglément aux doigts et à l’œil, même avec des ordres contrevenant manifestement aux lois et règlements, Rajoelina ne comprenait pas pourquoi les collecteurs n’achetaient toujours pas la vanille
L’ancien député Laisoa, opérateur dans le secteur vanille, a alors commencé à récolter les signatures de milliers de planteurs, et s’en est fait le porte-parole pour réclamer la libéralisation de la commercialisation de la vanille.
Rajoelina avait alors dépêché dare dare à Sambava le ministre du commerce, celui de l’Intérieur et le Secrétaire d’Etat à la gendarmerie (SEG), afin d’essayer d’éteindre l’incendie. Mais sans doute en l'absence de marge de manœuvre, aucune décision importante n’a été prise. Un malheureux chauffeur de taxi Bajaj avait eu le malheur de porter un tee shirt à l’effigie de Rajoelina (vestige de la campagne présidentielle de 2018). Des manifestants l’ont pris à partie, exprimant ainsi leur colère envers Rajoelina qu’ils prennent comme le principal responsable de cette situation.
Seule réponse concrète du moment de Rajoelina aux desiderata de ces planteurs, des instructions téléphoniques au SEG pour trouver et faire arrêter les agresseurs de ce malheureux chauffeur. Le SEG avait enregistré ces instructions et l’avait diffusé pour exécution via un groupe WhatsApp du commandement de la gendarmerie. Sans doute une façon de montrer qu’il n’assumait pas entièrement cet ordre! La fuite de cette conversation téléphonique sur les réseaux sociaux avait passablement irrité Rajoelina et l’avait décidé à sanctionner le SEG, en le privant de la revue des troupes lors des cérémonies de commémoration du 29 mars.
Il a cependant fallu attendre l’interpellation du potentiel concurrent aux présidentielles Siteny lors d’une conférence de presse à Sambava, entouré de plusieurs députés, avant que Rajoelina ne réalise l’ampleur du mécontentement populaire et ne finisse par accourir à Sambava dès le lendemain pour tenter de calmer les opérateurs du secteur vanille.
Rajoelina n’aurait pas connu tous ces déboires, si seulement il acceptait de se conformer aux lois en vigueur. Comme la Loi 97-046 portant transformation de l’Institut de la Vanille de Madagascar (IVAMA) en Interprofession de la Vanille de Madagascar (INTERVAMA) et libéralisation de la commercialisation de la vanille. Cette loi 97-046, toujours en vigueur, est très claire en son article 8 « La commercialisation de la vanille est libéralisée ». Selon l’article 10, l’INTERVAMA est seule compétente pour déclarer et officialiser la date d’ouverture de chaque campagne et de fixer de façon facultative, les prix planchers aux producteurs et aux exportateurs.
Il est clair que le décret n°2021-548 portant organisation de la filière vanille et créant le Conseil National de la Vanille (CNV) contrevient manifestement à cette Loi et est illégal. C’est sans doute à dessein que ce décret n’a d'ailleurs pas visé cette Loi 97-046.
Rajoelina ne doit plus tourner autour du pot ou chercher d’autres subterfuges. Il lui reste à abroger ce décret illégal. Exit ainsi le CNV tant décrié et vive la libéralisation!
Lors de cette tournée à Sambava, un fait important a échappé aux commentaires et réactions des média et des politiciens, même à ceux de l’opposition. Rajoelina a dit avoir pardonné aux 2 présumés agresseurs du chauffeur de taxi. Il a dit également qu’il donnerait les instructions nécessaires pour les faire libérer. Au jour où ces lignes sont écrites, on ne connaît pas encore la suite de ces instructions. Néanmoins, relevons qu’une fois de plus Rajoelina a violé la Constitution en bafouant le principe de séparation des pouvoirs, et que la Justice est à ses ordres. Inadmissible dans un Etat qui se prétend être de droit!
Par ailleurs, la député élue à Antsiranana vice présidente de l’Assemblée Nationale, assise à la droite du président à Sambava, a tenu des propos à forte connotation tribaliste visant en particulier les députés du sud comme Siteny, confirmant le malaise latent du régime Rajoelina face à la montée en puissance irrésistible de Siteny. Si cela a suscité à juste titre des commentaires indignés, même de la part de personnalités proches de Rajoelina comme le général Camille Vital, Rajoelina n’y a pas du tout fait allusion. Alors même qu’il est censé être garant de l’Unité Nationale!
Rajoelina semble avoir perdu la maîtrise de la situation et ne fait plus que réagir aux différents évènements politiques du moment. C’est à travers ce prisme qu’il faut lire sa dernière tournée à Ambositra le weekend dernier. Le ban et l’arrière ban de toute la Rajoelinie (de nombreux députés, le gouverneur d’Analamanga, le maire de Tana, sans oublier le puissant homme d’affaire Mamy Ravatomanga qui se définit comme shadow cabinet de Rajoelina) avaient été mobilisés pour cet évènement, au cours duquel une prison a été inaugurée.
Mais le cœur ne semble plus y être, au vu du bilan catastrophique du régime. D’autant plus que continue à planer au-dessus de la tête de Rajoelina la menace de ne pas pouvoir se représenter, du fait de sa perte de la nationalité malgache qui lui a valu le surnom de Gasy Tapany (à moitié malgache) attribué une fois de plus par le quotidien La Gazette de la Grande Île, dont les articles incisifs semblent manquer aux lecteurs malgaches. Ce surnom est d’ailleurs inapproprié car Rajoelina n’et plus malgache, car il est maintenant Français à part entière.
En tout cas, il faut s’attendre à une session parlementaire mouvementée début mai.
Par : RAMAHIRATRA
Commentaires
Enregistrer un commentaire