Madagascar, Etat failli et défaillant
(failed state), sous tutelle de la Banque Mondiale et du FMI
La dernière augmentation des prix à la pompe
n’aurait pas eu lieu, si cette mesure n’avait été inscrite parmi les
conditionnalités imposées par le FMI pour le déblocage d’une tranche de le FEC
(Facilité Elargie de Crédit).

Selon l’ordre du jour adopté jeudi 4 mai 2023,
les députés n’auront que 2 jours pour examiner en séance plénière et adopter le
nouveau code minier. Et pourtant, de nombreuses préoccupations sont loin d’être
réglées :
Lien pour : MEMORANDUM DE LA SOCIETE CIVILE SUR LES POINTS DE DESACCORD
Lien pour : Compilation -comparaison par article des proposition des OSCs
Puis le 15 mai, pour le projet de Loi sur les
investissements censé instaurer la transparence des démarches gouvernementales
qui doivent être entreprises lorsqu’on investit à Madagascar . Lire compte
rendu du conseil des ministres : Conseil-des-Ministres-20230309 L’adoption de ces 2 projets de loi figure parmi les exigences de la Banque
Mondiale pour le déblocage de l’appui budgétaire de 100 millions de dollars,
dont a cruellement besoin le Trésor public pour faire face à une partie de ses
besoins prioritaires.
N'en déplaise à la Ministre des Finances qui vient de monter aux créneaux sur
une chaîne de télévision pour affirmer que « Tout va bien Mme la
Marquise ». Elle a tenté de démentir maladroitement les affirmations d’un
député sur l’état de faillite de l’Etat Malgache. Et démentir par la même
occasion Rajoelina alias Gasy Tapany, qui avait lui-même dit aux membres du
patronat malgache, que les caisses sont vides et leur a demandé de se
substituer à L’Etat pour prendre en charge les 12 000 ariary permettant de
maintenir le salaire minimum d’embauche (SME) à 250 000 ariary. Gasy
Tapany avait voulu « péter plus haut que son derrière » lorsqu’il
avait pris en avril 2022 cette décision de relever à 250 000 ariary le
SME. On s’est permis d’utiliser cette expression, puisque Gasy Tapany avait
utilisé une expression malgache plus vulgaire signifiant « faire dans son
froc »

La ministre a dit que l’Etat n’est pas en faillite mais traverse seulement une
période difficile en matière de trésorerie ! Beaucoup de circonlocutions
ou de circonvolutions, sans conviction ! Elle a cité comme exemple le
paiement régulier des « dépenses obligatoires » tels les salaires et
les pensions.
La lettre de menace d’arrêt des cours provenant des vacataires de l’Ecole
Polytechnique d’Antananarivo, réclamant des arriérés de paiement depuis 2018,
vient s’inscrire en faux à ces propos.
En résumé, pour cette ministre des finances, c’est comme cette dame tombée du
20ème étage d’un immeuble à qui un des habitants du 3ème
étage lui demande « si tout va bien » lors de sa chute et de son
passage à ce niveau. Elle répond imperturbablement « jusqu’ici, tout va
bien » !
Pensant améliorer l’image de Gasy Tapany, cette ministre voix de son maître a
dit qu’elle suit les instructions de ce dernier quant au règlement rapide de
ces dossiers en souffrance, y compris ceux du Fonds routier. C’est justement là
où le bât blesse, avant ce régime, le principe du « 1er arrivé,
1er servi » était la règle. Maintenant, c’est à la tête du
client ou moyennant le paiement d’un pourcentage.
Ainsi, il y a des passe-droits et des bénéficiaires qui passent avant tout le
monde. Les fonctionnaires du Trésor voient tout et les langues commencent à se
délier : les proches du fameux shadow cabinet (comme Mamy Ravatomanga aime
fièrement à se qualifier lui-même) sont prioritaires et ne souffrent d’aucun
retard de paiement. De même, ceux proches du vrai cabinet de Gasy Tapany, comme
Rinah l’amie du demi-frère de l’ex-ministre Tinoka Roberto. Dénoncée par
l’Inspection Générale de l’Etat, mais sans suite jusqu’ici. Une IGE au service
de Gasy Tapany, qui préfère détourner la tête ailleurs de cette fameuse affaire
SMMC/RINAH, et plutôt perdre son temps à convoquer l’ex-Président de la HCDDED
Pierre Lenoble, obligé de se déplacer de Mahajanga à Antananarivo. Alors qu’une
simple demande écrite d’explications aurait pu suffire dans un 1er
temps.
Il ne se passe pas un conseil des ministres où il n’ y a pas une demande de
prise en charge par l’Etat des Droits et Taxes à l’Importation (DTI) pour tel
ou tel projet, montrant ainsi le caractère arbitraire de ces choix. En lieu et
place d’une règle claire à appliquer par les fonctionnaires.
Telle est la gouvernance de Gasy Tapany, que LGDI (La gazette de la Grande Île)
n’a cessé de dénoncer pour l’aider. Malheureusement, il l’a pris pour des
critiques sans fondement, car en fait il ne comprend rien à rien à cette notion
de gouvernance. D’où sans doute sa vindicte personnelle contre le propriétaire
de ce journal.
Gasy Tapany avait raison en 2018 lorsqu’il
avait affirmé que si on ne devait compter que sur la Banque Mondiale et le FMI,
Madagascar ne se développera pas même en 2050. Malheureusement, il n’en avait
pas tiré les conséquences ni la bonne marche à suivre, notamment en ce qui
concerne la gouvernance. Bien au contraire, toutes ses décisions et sa
gouvernance n’ont fait que jeter un peu plus Madagascar dans la « gueule
du loup ». Et toutes les décisions importantes prises actuellement
viennent des directives de ces deux institutions.
La Banque Mondiale et le FMI sont d’abord des
banques qui travaillent prioritairement pour les intérêts de leurs
actionnaires, c’est-à-dire principalement les pays occidentaux. Et il faut
garder en tête que ce nouveau code minier préservera d’abord les intérêts des
sociétés de ces pays avant ceux de Madagascar.
Selon un accord tacite à la suite de Bretton Woods en 1944, le DG du FMI est
toujours un Européen et la Présidence de la Banque Mondiale est une chasse
gardée des Américains. Ajay Banga, ancien vice-président de General Atlantic et
ex-PDG de Mastercard, va prendre ses fonctions de Président de la Banque
Mondiale le 2 juin prochain.
Le choix de présenter cet Américain de culture et d’origine sikh Indienne est
un clin d’œil vers les pays émergents, car cette hégémonie est de plus en plus
remise en cause, notamment par les pays du BRICS.
Dans le contexte de la géopolitique actuelle, la décision récente de l’Arabie
Saoudite 1er exportateur mondial de pétrole brut de rejoindre les
BRICS et surtout d’adopter le yuan chinois comme monnaie d’échange est loin
d’être anodine, et contribuera certainement à accélérer la transition en cours
vers le yuan comme monnaie de règlement aux côtés du dollar.
90% des dépenses d’investissement du budget
viennent de la Banque Mondiale et de la BAD. Et Gasy Tapany mendie le
financement des élections, une des dépenses obligatoires du Trésor, auprès de
la Communauté Internationale. Maintenant, une partie du budget de
fonctionnement va être également pris en charge par la Banque Mondiale et le
FMI (FEC).
Et il ne veut faire aucun effort en sabrant les programmes non prioritaires.
Selon lui, les jeux des îles seront les plus grandioses de tous les temps !
A se demander s’il habite Madagascar !
Portant, le Trésor Malgache survit grâce aux perfusions de ces deux
Institutions qui ont pris le gouvernement sous sa tutelle, jusqu’à dicter
l’agenda des députés.
Crédit Photo : Midi Madagasikara
Les caisses ne sont pas vides, juste quelques
petites difficultés passagères qui ne dureront que quelques années !
Par : RAMAHIRATRA
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