Panique à la présidence : Rajoelina Métisse en
arrive à confondre vitesse et précipitation
A la lecture du compte rendu du conseil des ministres du 7
juillet 2023, Madagascar aurait maintenant une nouvelle catégorie de
ministres : "des ministres restreints".
Et ce conseil des ministres a décidé la "construction de points noirs sur
des routes nationales"! L’Etat prendrait également "en la charge
d’autres parties supplémentaires".
Nous ne ferons pas l’injure à Mamasosy ni à la porte-parole du président de la
République de ne pas suffisamment maîtriser la langue de Molière, pour avoir
écrit de telles incongruités. Cela ne fait simplement que traduire la panique fiévreuse
de ce régime de Rajoelina Métisse et sa précipitation à organiser un conseil
des ministres extraordinaire, deux jours seulement après un conseil des
ministres habituel, alors qu’aucun évènement extraordinaire n’ait eu lieu dans
l’intervalle.
Ils auraient pu parler de cette réhabilitation des routes lors du dernier
conseil ou au prochain.
L’organisation précipitée des assises nationales de la
"décentralisation émergente" procède également de cette même panique.
Les différents candidats putatifs commençant à parler de décentralisation, et Rajoelina
Métisse ne voulait pas être en reste. Il voulait absolument essayer de combler
son retard.
Malheureusement, son discours lors de ces assises a montré qu’il n’a rien
compris à la décentralisation.
Il a plutôt parlé du renforcement de la présence de l’Etat, de la nomination
des gouverneurs, de la construction de bureaux des services de ministères.
Bref, il confond lamentablement décentralisation et déconcentration de l’Etat.
A noter que le mot décentralisation ne figure nulle part dans les 13 velirano.
Comment peut-il effectivement être partisan de la décentralisation, alors qu’il
ne veut même pas déléguer à ses propres ministres. Ainsi, toutes les demandes
d’autorisation d’engagement (DAE) supérieures à 200 millions ariary
(45 000 dollars) sont soumises à l’autorisation préalable du PM Mike Tyson
et de Rajoelina Métisse. Vu ce montant ridicule, cela concernait plus de 90%
des DAE.
Lorsque Rajoelina Métisse a vu s’amonceler sur son bureau les parapheurs en
attente de sa signature, il n’a même pas pensé à relever ce montant. Il a
préféré utiliser "une signature holographique accompagnée systématiquement
d’un poinçon étoilé".
Dans un interview, Hajo Andrianainarivelo avait dit qu’il n’avait pas pu payer
les entreprises de travaux publics ayant travaillé pour le Fonds Routier, faute
d’avoir obtenu l’accord du PM Mike Tyson et de Rajoelina Métisse.
Il va même maintenant jusqu’à exiger sa signature et celle du PM Mike Tyson
pour des dépenses de la Cnaps. Bref, une centralisation excessive à l’extrême opposé
de la décentralisation que nous n'avons cessé de dénoncer.
Pour en revenir au conseil des ministres restreint de
vendredi dernier, ce conseil des ministres n’a pas du tout évoqué l’autoroute
de 80 km, ni du fly over d’Anosizato. Est-ce à dire que ces projets ne sont
plus prioritaires et qu’on va reporter leur réalisation ?
Par ailleurs, ve conseil des ministres a décidé de confier à
la société CRBC les travaux de construction du pont de Mangoky.
Pour quelles raisons le nouveau ministre des travaux publics a-t-il induit en erreur
ce conseil des ministres, car ce ne serait pas cette société qui a gagné
l’appel d’offres, mais plutôt la société CRCC.
Pour preuve, cette société CRBC avait effectivement contesté les résultats de
l’appel d’offres mais n’a pas eu gain de cause. Et les résultats ont déjà été
transmis aux bailleurs de fonds dont la BADEA et la BAD qui a déjà d’ailleurs
répondu par un avis de non objection pour la CRCC.
Si Rajoelina Métisse persiste dans sa décision de confier les travaux à la
société CRBC, il est à craindre que ces bailleurs de fonds refusent et que les
travaux seront retardés.
Quel amateurisme ! ils veulent aller plus vite et ils obtiennent le
résultat inverse !
Gageons qu’ils vont dire que c’était une simple erreur matérielle de
transcription (versions malagasy et française du compte rendu pourtant), et que
finalement c’est C et non B qui va faire les travaux (CRCC et non CRBC).
Mais qu’attendre d’un Président qui s’était fait tancer
publiquement sans réagir par son compatriote Macron, lors du sommet pour un
nouveau pacte financier mondial : "Pour parler de restructurer la
dette des pays en développement comme Madagascar, il faut avant tout savoir
qualitativement et quantitativement quelle est sa nature…Cette dette extérieure
doit financer des projets d’infrastructures structurantes, des secteurs
productifs et la connectivité de l’administration centrale et décentralisée,
mais non des projets non prioritaires comme le projet téléphériques ou les
stades ou les opérations commerciales du type projet DECIM (Digital and Energy
Connectivity for Inclusion in Madagascar)
https://www.banquemondiale.org/fr/news/press-release/2023/04/07/madagascar-afe-set-to-expand-access-to-renewable-energy-and-digital-services-thanks-to-400-million-credit
.
A la décharge du DJ, cette
question de choix des investissements et de restructuration de la dette est
complexe et le dépasse. Il n’avait pas saisi le message, et ne se sentait sans
doute pas visé. Il a juste entendu prononcer le mot Madagascar et s’est senti
flatté que Macron ait cité son pays.
A se demander maintenant si l’ordre du jour de ce conseil
des ministres extraordinaire ne portait pas initialement sur d’autres sujets
comme la convocation d’une session extraordinaire du parlement pour retoucher
le code de nationalité. Et qu’on s’est ravisé au dernier moment, compte tenu
des risques politiques d’un tel acte tant sur le plan national
qu’international.
Surtout après le geste de Macky Sall, une leçon de sagesse pour nous Africains !
Par : RAMAHIRATRA
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