Madagascar : Entre menaces autoritaires et signaux d’alerte pour le pouvoir

La situation politique et sociale à Madagascar atteint un nouveau seuil de tension avec les récentes déclarations controversées du général Richard Ravalomanana, surnommé « Baomba », et la réaction incisive du colonel Charles Andrianasoavina. Alors que la population fait face à une crise socio-économique croissante, ces discours opposés révèlent des fractures profondes au sein des forces de l’ordre et soulèvent des questions sur le rôle de l’armée dans la société malgache.

Le général Ravalomanana : Une posture de confrontation

Dans ses propos, le général Ravalomanana a adopté un ton autoritaire, narquois et provocateur, allant jusqu'à qualifier toutes oppositions comme du terrorisme qu'il peut écraser facilement, et de déclarer que ce ne sont que des manifestations sans envergure et aucune puissance face à une force de l'ordre entrainée. Entre autres, des propos comme  : « ... les petits, on les écrase et c'est fini ... » ou « ... Essayez d'être dans la rue, tant que je suis le responsable, ... ». Une telle menace adressée à la population soulève des inquiétudes quant à l’usage de la force par les institutions de sécurité pour maintenir le pouvoir en place.

En réaffirmant sa volonté de ne pas tolérer les manifestations et en qualifiant toute tentative de mobilisation de « coup d’État », il s’éloigne dangereusement de la mission première des forces de l’ordre : protéger les citoyens et garantir la stabilité du pays sans distinction. Plus inquiétant encore, des sources proches de l’entourage militaire susurrent que le général Ravalomanana fomente une stratégie machiavélique pour récupérer le pouvoir et diriger une probable transition. Si tel est son plan, il se trompe royalement en sous-estimant la capacité de résilience d’un peuple prêt à défendre ses droits.

Ces déclarations enflamment un climat déjà tendu, où les signaux commencent à virer au rouge pour le régime en place.

Le colonel Andrianasoavina : Une critique de l’autoritarisme

En réaction, le colonel Andrianasoavina a publié une réponse cinglante, accusant Ravalomanana et le président Andry Rajoelina de préparer une répression sanglante contre la population. Il a rappelé que « les forces de l’ordre ne sont pas là pour protéger des leaders minoritaires, mais pour servir le peuple. » Cette réponse souligne une fracture au sein de l’appareil militaire, avec des officiers qui refusent de cautionner un pouvoir perçu comme déconnecté des réalités sociales.

Le colonel a également appelé à la libération des prisonniers politiques et à une réconciliation nationale, marquant une tentative de redonner espoir à une population en colère. À travers ses mots, il s’adresse directement aux citoyens pour les inciter à ne pas se laisser intimider : « Nous sommes le peuple, alors ne nous attaquez pas directement. » Plus encore, son discours laisse planer la menace d’un coup d’éclat militaire, rappelant que les transitions brutales ne sont jamais à exclure dans un tel contexte.

Les forces de l’ordre : Serviteurs de la population, non outils de menace

Les déclarations du général Ravalomanana trahissent une conception erronée du rôle des forces de l’ordre. Ces dernières ne doivent jamais être perçues comme un instrument de coercition au service d’une élite politique, mais comme une entité impartiale au service de tous les citoyens. Les menaces de répression contre des manifestants potentiels constituent une violation des principes d’État de droit et renforcent le sentiment d’injustice chez une population déjà fragilisée par la mauvaise gouvernance.

Dans ce climat délétère, le risque d’un basculement est réel. Les dissensions au sein des forces de l’ordre pourraient bien être le prélude à une transition forcée, surtout si le mécontentement populaire continue de croître et que les institutions civiles s’avèrent incapables d’y répondre.


Face à la menace : Un appel à l’unité nationale

Face à ces affronts, le peuple malgache ne doit pas se laisser réduire au silence. Le droit de manifester est un pilier fondamental de toute démocratie. Si les gouvernants actuels s’acharnent à museler la contestation, c’est au peuple d’agir avec détermination et unité pour exiger le changement.

Ce combat ne concerne pas uniquement une catégorie sociale ou économique, mais toute la nation : Les jeunes, qui représentent l’avenir du pays, doivent se mobiliser pour garantir un meilleur lendemain ; les travailleurs, confrontés à des conditions de vie de plus en plus précaires, ont le devoir de réclamer  justice ; les leaders communautaires et religieux peuvent jouer un rôle de médiateurs pour canaliser les frustrations dans un esprit de solidarité et de respect mutuel.

Il est également important de rappeler que les chefs d’Église, notamment ceux du FFKM (Conseil des Églises Chrétiennes à Madagascar), ainsi que l’archevêque, ont déjà pris position face à la détérioration de la situation sociale. Leurs appels, notamment ceux du 15 décembre 2024 et du 5 janvier 2025, exhortent les dirigeants à écouter les cris de détresse du peuple et à adopter des mesures urgentes pour redresser le pays. Leur intervention souligne l’urgence d’une réconciliation nationale et d’un dialogue constructif entre les différentes parties prenantes.

Par : RAMAHIRATRA


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