Une erreur stratégique d'envergure : Madagascar se prive d’une chance historique pour l'Union Africaine

Récemment, la candidature de Richard Randriamandranto à la présidence de la Commission de l'Union Africaine a échoué de manière retentissante, mettant en évidence une erreur stratégique majeure du régime malgache. Ancien ministre des Finances, son passage à ce poste a été marqué par des critiques récurrentes sur sa gestion budgétaire et son manque de réformes structurelles. Son limogeage en octobre 2022, après des tensions internes et une perte de confiance politique, a mis en lumière des failles majeures dans son leadership. Ce fut un tournant décisif, surtout après la controverse sur la position prise par Madagascar lors d'un vote à l'Assemblée générale des Nations Unies le 12 octobre 2022, où le pays a soutenu une résolution condamnant les annexions illégales de territoires ukrainiens par la Russie. Cette décision, prise sans consultation préalable avec le président Andry Rajoelina ni le gouvernement, a provoqué un vent de mécontentement, contribuant à son éviction le 18 octobre 2022.

Cet échec met en lumière une évaluation erronée des priorités du régime malgache. En choisissant de soutenir une figure fragilisée, dont les antécédents en matière de gestion et de leadership ont été largement critiqués, le régime a sous-estimé l’importance de la stabilité et de la crédibilité d’un leader sur la scène internationale. Ce soutien à Randriamandranto a révélé une déconnexion entre les ambitions affichées par le régime et les compétences réelles de son représentant. Au lieu de tirer parti d'une chance unique d'affirmer Madagascar sur la scène internationale, ce choix a permis à Madagascar de passer à côté de son potentiel en tant que leader sur le continent africain.

Un désaveu cinglant pour Andry Rajoelina

Andry Rajoelina, autoproclamé "champion" de la lutte contre la malnutrition depuis 2020, a récemment essuyé un camouflet retentissant de la part des membres de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC). Malgré une lettre officielle de la SADC datée du 12 février 2025, exhortant les États membres à soutenir la candidature de Randriamandranto à ce poste clé, le vote du 15 février a révélé une désobéissance flagrante, les membres n'ayant pas suivi les consignes. Ironie du sort, Rajoelina est censé assumer la présidence tournante de la SADC en août 2025. 

Mais avec une telle "autorité" mise à mal, on peut se demander quel impact réel il aura. Peut-être que son rôle se limitera à organiser des sommets sans influence, où ses directives seront poliment ignorées. Après tout, être un "champion" autoproclamé ne garantit pas le respect ni l'obéissance des pairs.


Hery Rajaonarimampianina : Une Opportunité Manquée

Pendant ce temps, Madagascar aurait pu jouer une carte bien plus gagnante en soutenant la candidature d’Hery Rajaonarimampianina. Ancien président du pays (2014-2018), Rajaonarimampianina jouissait d’une réputation solide sur la scène internationale. Sous sa présidence, Madagascar a connu des progrès notables en termes de gouvernance, de développement économique et d’amélioration de la stabilité politique. Plus important encore, son expérience en diplomatie et ses missions à l’international lui ont permis de se forger une crédibilité inédite. Il a été sollicité par plusieurs organisations internationales pour des missions de haut niveau. Par exemple, il a assuré des missions d'observation électorale, au Togo en février 2020 et dernièrement au RDC Congo en décembre 2023 où il a d'ailleurs reçu les félicitations du Président de la Commission de l'Union Africaine Moussa Faki. Deux missions où son impartialité et son expertise en matière de gouvernance ont été largement saluées.

Cette reconnaissance internationale faisait de Rajaonarimampianina un candidat de choix pour la présidence de la Commission de l'Union Africaine. Sa vision stratégique, son expérience diplomatique et son réseau de contacts sur le continent africain étaient des atouts majeurs qui auraient permis à Madagascar de jouer un rôle clé dans les prises de décision à l’échelle continentale. Cependant, sa candidature a été sabotée en raison de son rôle d'opposant lors des élections présidentielles de 2023, un choix politique regrettable qui a privé Madagascar de cette opportunité historique.

Madagascar et son image sur la scène africaine : Une chance de briller

L’opportunité de soutenir Hery Rajaonarimampianina à la tête de la Commission de l’Union Africaine représentait bien plus qu’une simple candidature : c’était un moment historique pour Madagascar. Ce poste aurait permis au pays de renforcer sa présence sur la scène continentale, de redorer son image et d’affirmer son rôle dans les discussions essentielles concernant l’avenir de l'Afrique. La présidence de l’UA, une fonction clé dans le processus décisionnel africain, était une chance unique pour Madagascar de briller et de faire valoir ses intérêts, notamment en matière de développement durable, d’intégration régionale et de gouvernance.

L’ancien président Rajaonarimampianina, ayant acquis une solide expérience en diplomatie et ayant fait ses preuves au plus haut niveau, aurait permis à Madagascar d’affirmer sa position au sein de l’UA. Au lieu de cela, le régime a pris la décision de soutenir une candidature moins crédible, celle de Richard Randriamandranto, dont les antécédents politiques et son image fragilisée ont nui à toute chance de succès. Ce choix a non seulement fait perdre Madagascar une opportunité en or de se positionner comme un acteur central au sein de l'Union Africaine, mais il a également fait passer le pays à côté de l’occasion de jouer un rôle de leader dans les discussions cruciales pour l'avenir du continent africain.

L’avenir de Madagascar : Une chance à saisir

Cet échec récent met en lumière l’urgence pour Madagascar de revoir sa stratégie politique, de dépasser les clivages internes et de soutenir des candidatures fortes et crédibles. Pour espérer jouer un rôle significatif dans les discussions africaines et au-delà, le pays doit impérativement adopter une vision cohérente et unie, capable de porter les intérêts nationaux et de renforcer sa place dans le concert des nations africaines.

Le soutien à Hery Rajaonarimampianina n’aurait pas seulement été un choix stratégique judicieux pour Madagascar, mais un signal fort envoyé à l’Afrique et au reste du monde : Madagascar est prêt à assumer sa place de leader. Mais au lieu de cela, le régime a fait le choix de l’opportunisme politique, privant ainsi le pays d'une chance historique de briller sur la scène continentale. 

Il est temps pour Madagascar de se relever et de se doter d'un vrai Leader " champion" capable de prendre les bonnes décisions pour un avenir plus prometteur.

Par : RAMAHIRATRA


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